Les victimes de Duvalier se souviennent
Le jugement de Jean-Claude Duvalier est pour l’au-delà. L’ex-dictateur haïtien a paisiblement rendu l’âme en son domicile le 4 0ctobre 2014. Baby Doc a succombé suite à une crise cardiaque 3 ans après un retour controversé en Haïti. Par ailleurs, cette mort signifie aussi que les atrocités duvaliéristes ne seront pas jugées. Les victimes du régime devront donc garder le goût amer d’un passé damné.
En 1971, Jean-Claude Duvalier succède à son père au pouvoir. A seulement 19 ans, Baby Doc hérite d’un pouvoir à vie. Un pouvoir tortionnaire et sanguinaire qu’il assurera durant 15 longues années. En effet, depuis le règne de son père les Tontons macoutes* terrorisent une population assoiffée de liberté, de justice et de démocratie.
Les crimes duvaliéristes restent impensables. Durant leur règne, des familles entières sont assassinées, torturées et exilées. Les barbaries dont elles sont victimes graveront éternellement leur mémoire. Des barbaries qui se commettent quotidiennement en plein jour. La liberté de la parole et le libre choix politique sont violemment censurés. Les sports de combat sont interdits, l’émigration dument contrôlée.
A la fin des années 80,les discours sur la démocratie qui se répandent dans les Amériques parviennent aux oreilles haïtiennes. Le peuple se mobilise, réclame inconditionnellement le remplacement du régime par l’instauration de la démocratie. Inquiets, les duvaliéristes amplifient leur cruauté. Ils ripostent ouvertement par les mitraillettes, le lynchage, les viols et emprisonnements. Mais, leurs actes n’impressionneront pas la population. Le 7 février 1987, Jean-Claude Duvalier part en exil pour la France. Mais le duvaliérisme demeure !
Les duvaliéristes se vêtiront de peau d’agneau pour injecter l’amnésie au peuple. L’absence du shérif plonge les victimes dans la passivité. Une absence qui ne durera que 29 années. Le retour surprenant de Baby Doc dans le pays réveille la mémoire de ses victimes. Elles n’auront pas le temps de raconter l’histoire aux jeunes qui vont accueillir le bourreau en héros.
Les larmes des victimes refont surface. Ces dernières emprunteront premièrement les voix médiatiques. Sur nos écrans, la journaliste Liliane Pierre-Paul ne peut contenir ses larmes. Elle explique son emprisonnement à Fort-Dimanche. Ces nuits entières passées à être sexuellement violée. D’ailleurs son unique enfant est la progéniture de l’un de ces inconnus barbares. Les victimes sont troublées, mais une porte reste ouverte. Celle de la justice !
La justice est leur deuxième recours. Elle est aussi leur seul moyen d’abreuver leur soif de vengeance. Malheureusement, ils verront leur accusation de crime contre l’humanité portée contre l’ex-dictateur rejetée par la Cour pénale internationale. La justice haïtienne quant à elle rejettera premièrement cette accusation. Elle gardera cependant les charges retenues pour escroqueries. Mais la lenteur d’un système judiciaire qui n’a vraiment jamais rendu justice prête à équivoque.
Samedi dernier, Baby Doc a paisiblement rendu l’âme dans sa résidence privée. C’était le coup malin final de ce dernier à ses opprimés. Ils ne verront jamais Baby Doc purgeant ses peines derrière les barreaux. Ils pleurent tous la mort de leur oppresseur. Une mort qui les a autant blessés que sa vie !
Tontons Macoutes : police secrète instituée par François Duvalier pour conserver son pouvoir.
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