12 janvier 2010, rétrospectives amères!

Article : 12 janvier 2010, rétrospectives amères!
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12 janvier 2015

12 janvier 2010, rétrospectives amères!

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Le 12 janvier 2010, quelle date glaçante pour Haïti ! Au début de l’année,  les souhaits et vœux de bonne année se multipliaient. Mais, le malheur qui s’accaparait sur le pays 12 jours après… Putain !

C’était un mardi. Ce serait mon premier jour à l’université pour l’année. Une occasion de faire mes vœux à mes condisciples. A midi, j’étais déjà là pour assister à l’exposé du professeur qui débutait à 13 heures.

13 heures 30- Le professeur ne s’est pas toujours présenté. Des questions commençaient à se poser vu que ce dernier n’a pas l’habitude d’être absent. Mais, je restais calme car j’ai rendez-vous avec un autre professeur à 16 heures pour un exposé de trois (3) heures. Tout était planifié et devrait aller pour le mieux.

13 heures 45- Le professeur se présente enfin, mais pas pour l’élaboration de son cours. Il est venu tristement nous annoncé la nouvelle de la mort du professeur Anil     LOUIS-JUSTE. Je venais de rencontrer ce dernier, juste avant de grimper les escaliers qui me conduisent dans ma salle de cours. Anil s’est fait attaqué et a succombé sous les projectiles des bandits. Du coup, les étudiants  se rassemblent et sortaient furieusement pour dénoncer le crime. L’avenir de l’année académique inquiète déjà.

14 heures- Je me faufile dans la foule pour regagner la maison. Mais, l’idée de visiter certains amis à Pétion-Ville surgit en cours de route. Dans à peu près une heure et demie, j’étais déjà là à discuter avec ces bonnes vieilles connaissances. Par hasard, j’ai rencontré mon petit frère au même endroit. L’ambiance était de taille.

16 heures- On sortait pour s’acheter à manger. A notre retour, les bonnes blagues reprenaient. Mais, sans mon frère qui s’excusait pour aller régler une commission de quinze (15) minutes.

16 heures 53- L’ambiance était encore à son charme. Aussitôt, surgit un bruit abasourdissant accompagné de cris de détresse. Tout bougeait autour de nous. On pouvait entendre le pliement et le craquement des immeubles. Pendant ce temps là, je prenais la fuite. Mais, où puis-je me rendre dans pareille circonstance ? Je décidais tout à coup de rester là, figer au beau milieu de la rue à attendre ce que déciderait le destin.

16 heures 54- La ville est recouvert d’une nuée noir-grisâtre. C’est alors que je prends conscience qu’il s’agissait d’un tremblement de terre. Inutile de rejoindre ses proches, la communication téléphonique ne passait plus. Des cris de détresse partaient dans tous les sens. La plupart des grands immeubles étaient effondrés autour de moi. En dessous, des gens imploraient le secours du dehors alors qu’à l’inverse on implorait le secours divin.

A travers les funestes nuées mon frère me revenait, les larmes aux yeux. Chacun de notre coté n’espérait ne plus se revoir. Dans les deux (2) heures qu’on mettra à regagner la maison, l’image était terrifiante. Huit (8) millions de mètres cubes de bétons recouvraient des chairs humaines. Des morts gisaient dans leur sang tout au long de la route. La route de Delmas est bondée de gens qui se rendent à l’hôpital. Ils oublient déjà que même en temps normal les services des hôpitaux laissaient à désirer.  Je me souviens encore de cette femme que j’ai rencontrée, torse nue, les cheveux ébouriffés. Elle tenait dans son bras un bébé dans un drap blanc recouvert de sang.

13 janvier 2015- Le lendemain 1.5 millions d’haïtiens sont sous les tentes occupant le moindre interstice des rues. N’en parlons pas des places publiques. La plupart des administrations publiques, le palais national y compris n’y sont plus. Des familles entières sont décimées.

Cinq (5) ans après chaque haïtien comme moi aurait une histoire à raconter. Mais la grande question à leur poser : Qu’avons-nous appris du séisme de 2010 ?

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