Mais, c’est le carnaval !

Article : Mais, c’est le carnaval !
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2 février 2015

Mais, c’est le carnaval !

kanaval

 

Les festivités pré-carnavalesques sont lancées depuis trois semaines en Haïti. Le gouvernement haïtien a décidé d’organiser la traditionnelle fête malgré la crise sociopolitique du pays. Une occasion pour ce dernier de désintéresser le peuple de ses innombrables soucis quotidiens. A l’inverse, les Haïtiens n’en profitent que temporairement de cette amnésie. Pourquoi n’en profiteraient-ils pas ? C’est le carnaval !

Ni la caducité du Parlement, ni la hausse des prix de l’essence, ni l’inflation, ni l’insécurité chronique n’empêcheront les Haïtiens de célébrer le carnaval. Nous sommes caribéens, il faut le reconnaitre. Quand on regarde le calendrier, il n’y a que trois mois de l’année sans jour de congé. Un tel constat peut inciter à penser que nous passons plus de temps à bambocher qu’à nous préoccuper de choses sérieuses.

Durant son mandat, Michel Martelly s’est révélé être un maître en la matière. Le président a organisé huit carnavals en moins de quatre ans. Croyez-moi ce n’est pas son dernier. Il est musicien notre président, il fallait s’y attendre. Pendant plus de vingt ans, les hanches de Sweet Micky se tournaient et se retournaient sur les chars comme une toupie électrique. Un simple statut de président n’allait rien changer du jour au lendemain. D’ailleurs, le président nous gratifie toujours de ses prestations nostalgiques en ces occasions.

En regardant la situation politique actuelle, il vient à se demander s’il ne serait pas insensé de parler de festivités carnavalesques. Les professeurs des écoles publiques sont en grève, les écoliers manifestent quotidiennement pour exiger le retour des enseignants dans les salles de classe, le Parlement est caduc depuis début janvier faute d’élections, le prix de l’essence est en hausse uniquement en Haïti. De surcroit, une grève des chauffeurs des transports publics est annoncée pour les 2 et 3 février. Quoiqu’il arrive, la conjoncture politique exige des élections à la fin de l’année. Autant de problèmes qui nécessitent des solutions auxquelles nous devrions réfléchir. Mais, c’est le carnaval, il faut danser, chanter, grouiller même dans la dèche !

Nous bambochons au beau milieu de la galère comme des cinglés au péril de notre vie. Nous sommes animés du syndrome de grouiller. Pire, nous nous bernons en pensant être sur la bonne voie, la voie du développement.

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