Chez moi c’est l’inaccessibilité à l’eau !

Article : Chez moi c’est l’inaccessibilité à l’eau !
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17 novembre 2014

Chez moi c’est l’inaccessibilité à l’eau !

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Dans la société post-moderne où nous vivons, l’accès à l’eau potable est primordial. Cependant, en Haïti on observe tout le contraire. La société paysanne haïtienne vit en ce XXIème siècle aux dépens des circonstances naturelles comme à l’ère primitive. Le rural haïtien doit connaitre toutes les peines du monde pour obtenir une larme d’eau en saison aride. Parvenir à distribuer de l’eau potable efficacement reste entre autres un défi pour les autorités haïtiennes, autant insouciante  qu’impuissante face à la situation.

 

Le milieu rural haïtien est souvent considéré comme un lieu isolé où les habitants sont délaissés à la merci de la nature et de ses phénomènes. Face à la brillante absence des autorités concernées et des infrastructures modernes qui facilitent l’accès à l’eau, les ruraux mènent une vie de primitif. Il faut donc marcher au moins une centaine de kilomètre pour accéder à une trouée qui suinte de l’eau. Toutefois pour y arriver l’aventure s’avère risquée, car il faudra s’exposer à l’escalade des pentes abruptes, affronter la gorge funeste des grottes et des vallées. Elle devient encore plus pénible en sens inverse pour ces gens, quand, avec leurs sceaux remplis sur la tête ils doivent regagner leur demeure.

Pour pallier aux risques qui s’exposent, on constate que les gens se rendent généralement en groupe à ces endroits. De ce fait, ils peuvent s’entraider et se prémunir des dangers  et menaces imminentes. Généralement l’eau ne fait que suinter, ce qui impatiente fort souvent la longue file d’attente. Par conséquent, les affrontements entre groupes rivaux ou entre membres du même groupe sont fréquents. Pour contourner cette situation, certains y vont à la tombée de la nuit à tâtons ou munis de leur chandelle.

Nécessité fait loi

L’insalubrité qui forme souvent le décor de ces paysages, en l’occurrence boues, marécages,déchets plastiques et autres sont généralement ignorés. Les activités menées dans ces rivières sont les causes primaires à ces insalubrités. A l’exemple, quand une personne s’y rend pour la lessive, elle devra passer une journée entière. La nature devient par conséquent son seul recours à un moment où elle doit se soulager. D’autres y mènent leurs animaux pour le breuvage qui s’y soulagent en même temps.

Les gens s’abreuvent autant sans se soucier de la qualité de l’eau. De ce fait, le breuvage devient uniquement une activité à faire passer la soif sans se préoccuper des conditions sanitaires. Ainsi observe-t-on que le choléra-une épidémie importée depuis 2010-se propage à une vitesse chronique en milieu rural haïtien. L’important nombre de ses victimes fuient les statistiques en raison de l’absence des Centres de Traitement de Choléra (CTC) dans ces communautés. Impuissants et ignorants la situation, les paysans voient souvent en ces faits le résultat d’un sort maléfique et mystique.

La politique du bon voisinage

Conscient du problème de la raréfaction de l’eau et du laxisme des autorités, les citoyens se peinent à trouver une issue. Les familles les plus aisées construisent en fonction de leur moyen des réservoirs. Ainsi, accumulent-elles en saison pluvieuse de l’eau en réserve. La durée de cette réserve varie en fonction de la superficie du bassin. Ceci leur assure une certaine sérénité en saison aride.

Cependant, ces réservoirs ne sont pas seulement un bien familial. Ils se transforment facilement en bien communautaire, car dans ces communautés l’entraide est de mise. Les familles avoisinantes qui ne peuvent posséder un bassin s’y présentent continuellement avec leur récipient vide. Les propriétaires doivent donc se montrer altruistes. D’autres commercialisent leur bien, mais n’ont pas très bonne réputation. Car, conscient du problème ils font souvent monter les enchères.

Au rappel, la pluie est tout aussi porteuse d’espoir que d’épouvante. Les paysans redoutent les saisons cycloniques autant que la saison aride. En effet,Haïti se situe dans le bassin des Caraïbes, zone de turbulences et de formations cycloniques. Par conséquent, les mêmes problèmes-manque d’infrastructures modernes et absence de l’Etat-produisent les mêmes effets. Des effets dévastateurs. En estimant les dommages collatéraux et les pertes en vies humaines, on pourrait même parler de déluge. Les victimes du cyclone Jeanne des Gonaïves en 2008 ou des récentes averses au Cap-Haitien peuvent longuement en témoigner. N’était-ce l’intervention internationale, Dieu seul sait où nous serions aujourd’hui.

 

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